samedi 24 mars 2012

Notions - les pièces

Un écu est constitué de plusieurs sortes d'éléments : les partitions, les pièces et les meubles. Après les partitions, nous passerons en revue les pièces.
[FRA pièces (honorables) ; ENG (honorable) ordinaries ; DEU (Ehren)stücken ; ESP piezas (honorables) ; ITA pezze (onorevoli)]

     Je présenterai les pièces les plus fréquentes (les principales) : la fasce, le pal, la bande et la barre ;

"de gueules à la fasce d’argent", Draguinet de Lastic, REV 420 (d'après Boos 34)
"d’argent au pal de sable", Waal, ZUR 429 (d'après Boos 61)
"de gueules à la bande d’argent", Étienne Clanche, REV (d'après Boos 72)
"d’azur à la barre d’argent accompagnée de deux trèfles de sable, à la bordure du même",
Pierre Lancerroix, REV 700 (d'après Boos 819)
la croix, le sautoir, le chef et le chevron
"de sable à la croix d’or", Guillaume d’Albon, REV 782 (d'après Boos 113)
"de gueules au sautoir d’argent", Jean d’Aa, GEL 846 (d'après Boos 131)
"d’azur au chef d’or", Louis de Montclar, REV 274 (d'après Boos 45)
"d’or au chevron de gueules", Gilbert de Charay, REV 534 (d'après Boos 90)
et enfin, la bordure, la champagne, le quartier/canton et l'écusson.
"d’or à trois pals d’azur, à la bordure de gueules semée de flanchis d’or",
Guillen Fabre, Lib. Santiago 11 (d'après Boos 147)
"de gueules au croissant versé d’argent, à la champagne du même",
Antoine de Luna, BEL 7v21 (d'après Boos 54)
"d’or à huit merlettes rangées en orle de gueules, au franc-quartier du même », Heemstede, ETO (©BNF)
"d’hermine à l’écusson de gueules", Espineuse, ETO Artois f°77 (©BNF)
     Les pièces étaient appelées “honorables” quand il s’agissait des pièces principales. L’importance qui leur était attribuée se justifie encore actuellement par leur ancienneté, mais on peut s’étonner d’y voir figurer une figure rare comme la barre, dont la présence n’a d’autre raison d’être que sa symétrie avec la bande et son rôle de brisure. Leur place est déterminée : dans le cas contraire, on doit le mentionner. Leur forme est géométrique. Ce sont les plus anciennes et les plus simples, précise Veyrin-Forrer (1951:32) « […] dans un domaine où simplicité est synonyme de beauté. ».
     Toutes les pièces peuvent être diminuées, c'est-à-dire subir une réduction de leur largeur, sans que cela les écarte pour autant des bords de l'écu : les pièces diminuées touchent habituellement les côtés de l'écu.


Descriptions des pièces principales
• La fasce est délimitée par deux traits horizontaux, et sa surface peut atteindre le tiers de la surface totale de l’écu. Elle se trouve habituellement au milieu de l’écu, sur la ligne du coupé (ligne médiane horizontale). Elle peut être alésée (ou raccourcie, ce qui dénote une évolution du sens devenu l'inverse du sens d'origine). La fasce est diminuée en divise, trangles, burelles, ou encore en jumelles et en tierces, elle est alors souvent en nombre. La divise est généralement seule, les trangles en nombre impair et les burelles en nombre pair. Les jumelles sont des fasces diminuées, groupées par deux, les tierces, de formation semblable mais groupées par trois.
[FRA fasce (< a.fr. faisse < lat. class. fascia "bande") ; ENG fess (seule) / bars (≥ 2) ; DEU Balken ; NED dwarsbalk ; ESP faja ; ITA fascia]
[FRA alésé ou alaisé (< a.fr. alaisier "élargir, étendre" < lat. vulg. *allatiare "élargir" < lat. class. latus "large") ; ENG couped ; DEU schwebend ; NED verkort ; ESP recortado ; ITA scorciato]
[FRA divise ; ENG bar ; DEU Querfaden ; NED versmalde balk ; ESP ceñidor ou divisa ; ITA divisa]
[FRA trangle ; ENG barrulet ; DEU Leiste ; NED versmalde dwarsbalk ; ESP trangle ; ITA trangla]
[FRA burelle (< a.fr. burel "étoffe (rayée)" < lat. *bura) ; ENG bar ou barrulet ; DEU Leist ; NED versmalde dwarsbalk ; ESP burel ou burela ; ITA burella]
[FRA jumelles (< jumelle < lat. gemellus) ; ENG gemels ou bars gemels ; DEU Zwillingsfaden ; NED tweelingsbalken ; ESP gemelas ; ITA gemella]
[FRA tierces ; ENG tierce ou three bars ; DEU Drillingsfaden ; NED drielingsbalken ; ESP tercias ; ITA terza]
"de gueules à la fasce d’argent", Draguinet de Lastic, REV 420 (d'après Boos 34)
"d’argent à 2 fasces alésées d’azur", Cywilkowski, Pologne (d'après Boos 205)
"d’azur à cinq trangles d’argent", Le Fèvre de Caumartin, marquis de Saint-Ange (d'après Boos 39)
"de gueules à trois jumelles d’argent", Le Borgne de Fosseux, Cour amoureuse 314 (d'après Boos 3)
• Le pal est représenté dressé verticalement comme l'indique le terme qui lui correspond en français courant. Diminué en largeur, on le nomme vergette.
[FRA pal (< lat. palus "poteau, pieu") ; ENG pale ; DEU Pfahl ; NED paal ; ESP palo ; ITA palo]
[FRA vergette (< verge) ; ENG pallet ; DEU Stad ; NED staak ; ESP vara ou vergeta ; ITA verghetta]
"d’argent au pal de sable", Waal, ZUR 429 (d'après Boos 61)
"d’or à trois pals de gueules, celui du milieu accosté de deux yeux humains de sable",
Belugi, Trivulziana p. 80, 8 (d'après Boos 794)
"d’or à cinq vergettes de gueules", Gusten, Westphalie (d'après Boos 65)
• Une bande est une figure géométrique qui traverse l’écu depuis le haut à gauche jusqu’en bas à droite. Diminuée, on la nomme bâton, cotice ou filet. Le bâton péri est diminué et raccourci.
[FRA bande (< germ. *bindô- "bande ruban") ; ENG bend ; DEU Schrägbalken ; NED rechter schuinbalk ; ESP banda ; ITA banda]
[FRA bâton (< lat. vulg. *basto < b.lat. bastun < *bastare "porter" < gr. βαστάζειν) ; ENG baston ; DEU Schrägfaden ; NED schuinstaak ; ESP bastón ; ITA bastone]
[FRA bâton péri (part. passé adj. de périr, au sens de "disparaître") ; ENG baston couped ; DEU schwebender Schrägfaden ; NED schuinstaak verkort ; ESP traversa (recortada) en banda ; ITA bastone scorciato]
[FRA cotice (prob. issu de *[bande] costice < a. fr. coste < lat. class. costa "côte") ; ENG bendlet ou cotise ; DEU Schrägleiste ; NED smalle schuinbalk ; ESP cotiza ; ITA cotissa]
[FRA filet (< fil < lat. class. filum "fil, filament") ; ENG riband ; DEU Schrägfaden ; NED zeer smalle schuinstreep ; ESP filete ; ITA filetto]
"de gueules à la bande d’argent", Étienne Clanche, REV (d'après Boos 72)
"d’or à cinq cotices de gueules", Le Neufbourg, ETO Normandie f°65v (©BNF)
"d’azur à trois fleurs de lis d’or, au bâton de gueules", le duc de Bourbon, GEL 313 (d'après Boos 80)
"d’azur à trois fleurs de lis d’or au bâton péri de gueules", Louis II, prince de Condé (d'après Boos 383)
• Une barre est une figure géométrique qui traverse l’écu depuis le haut à droite jusqu’en bas à gauche. Une barre diminuée est nommée cotice en barre ou filet en barre. Une barre diminuée et alésée prend le nom de bâton péri en barre.
     La barre est une figure peu fréquente. Si elle brise des armoiries en brochant sur le tout (en passant par-dessus toutes les autres figures), elle est alors utilisée pour indiquer l'état de bâtardise d'un individu. Ce n'est pas du tout le cas de la pièce qui lui est symétrique, la bande, car cette dernière sert uniquement à signaler la situation de cadet d'un personnage dans l'organisation familiale : ci-dessus, les Bourbon et les Condé sont des branches cadettes de la famille royale de France, aux époques correspondant aux écus illustrés.
[FRA barre (< lat. vulg. *barra) ; ENG bend sinister ; DEU Schräglinksbalken ; NED linker schuinbalk ou baar ; ESP barra ; ITA sbarra]
"d’[or] à la barre d’[azur] chargée de trois fleurs de lis du champ, accompagnée de six fourmis de [sable]",
Formiconi, Palais public de Campiglia Marittima, Toscane (d'après Boos 746)
"de gueules à trois barres d’argent", Botenstein, GEL 43 (d'après Boos 86)
"d’[azur] à trois fleurs de lis d’[or], au bâton noueux en barre de [gueules]", voile armoriée
sur le sceau de Louis, bâtard de Bourbon, comte de Roussillon, amiral de France (1467),
tiré de Pinoteau, Hérald. capétienne, t. II, p. 37 (d'après Boos 88)
• La croix a la même définition qu’en français courant. Diminuée en épaisseur, on la nomme filet en croix (estrez en AF). Elle peut être alésée. Alésée et en nombre, elle prend le nom de croisette. Elle possède un nombre très important de variantes de formes.
[FRA croix (< lat. class. crux) ; ENG cross ; DEU Kreuz ; NED kruis ; ESP cruz ; ITA croce]
[FRA croisette ; ENG cross couped ou crosslet couped ; DEU Kreuzchen ; NED kruisje ; ESP cruz ou cruz recortada ; ITA crocetta]
"de sable à la croix d’or", Guillaume d’Albon, REV 782 (d'après Boos 113)
"d’hermine à la croix de gueules chargée d’un filet en croix d’or", Rafe de Otringden, Camden Roll (d'après Boos114)
"de gueules à la croix alésée d’or", Cropières, Auvergne (d'après Boos 203)
"d’azur à trois croisettes pattées d’argent", Barclay, BEL 55v4 (d'après Boos 388)
• Le sautoir est la rencontre de la bande et de la barre. On le nomme aussi croix de saint André. Diminué, il prend le nom de sautoir diminué. Alésé et en nombre, il est appelé flanchis ou flanquis.
[FRA sautoir (< sauter < lat. saltare "danser ; sauter" < salire "sauter") ; ENG saltire ; DEU Schragen ou Andreaskreuz ; NED schuinkruis ; ESP sotuer ou aspa ; ITA croce di Sant’Andrea ou decusse ou croce decussata]
[FRA flanchis ou flanquis (< origine inconnue) ; ENG saltire couped ; DEU Schrägkreuzchen ; NED schuinkruisje ; ESP aspa ou sotuer ; ITA crocetta in decusse ou croce di Sant’Andrea (diminuata e scorciata)]
"de gueules au sautoir d’argent", Jean d’Aa, GEL 846 (d'après Boos 131)
"d’argent au sautoir diminué de sable, cantonné de 4 perdrix au naturel",
Raymond Raguier, Cour amoureuse 792 (d'après Boos 13)
"de sable à six flanchis d’argent", d'Albiat, Clermont-Ferrand, Auvergne (sources personnelles)
• Le chef est l’élément rectangulaire qui prend place en haut de l’écu, sans espace intermédiaire avec le bord. Diminué, on le nomme comble.
[FRA chef (< lat. caput "tête") ; ENG chief ; DEU Schildhaupt ; NED schildhoofd ; ESP jefe ; ITA capo]
[FRA comble (< lat. cumulus "tas, amoncellement, grande quantité" et au fig. "surplus" avec emprunt du sens de culmen "sommet, faîte") ; ENG comble ou narrow chief ; DEU Giebel ; NED versmald schildhoofd ; ESP comble ; ITA colmo]
"d’azur au chef d’or", Louis de Montclar, REV 274 (d'après Boos 45)
"de gueules au chef échiqueté d’argent et d’azur", Robert d’Ailly, Le Breton 489 (©AN)
"d’or au lion de sable, au lambel de gueules et au comble bandé d’argent et d’azur, chargé de trois merlettes d’or",
aux 2 et 3 des armes de Philibert de Ferté(-Dumont), Premier président du parlement de Dijon (1494),
Bibl. mun. Beaune (d'après Boos 47)
• Le chevron a le même sens qu’en français. Il peut être alaisé. Diminué, on le nomme étai.
[FRA chevron (< lat. class. capreolus "jeune chevreuil") ; ENG chevron ; DEU Sparren ; NED keper ; ESP cabrio ; ITA scaglione ou capriolo]
[FRA étai (< a.b.frq. *stakka "poteau (de soutien)") ; ENG chevronel ; DEU Sparrenleiste ; NED versmalde keper ; ESP tenaza ; ITA scaglionetto]
"d’or au chevron de gueules", Gilbert de Charay, REV 534 (d'après Boos 90)
"de sable au chevron raccourci (ou alésé) d’argent", Van Ryck, Amsterdam (d'après Boos 207)
"de vair en chevron à deux étais de gueules", Condet, s. de Morialmé, BEL 40r6 (d'après Boos 19)
"d’or à trois fasces d’azur, à trois étais alésés de gueules brochant sur le tout", Sant Dionis, Tamburini Sal. f°38, 9 (d'après Boos 92)
• La bordure a le même sens qu’en français. Sa forme diminuée est la filière : on peut se demander si historiquement elle ne correspondait pas au trait de limite de l'écu confondu avec une bordure étroite.
Lorsqu'elle est alésée, elle prend le nom d'orle ; de forme ronde, elle devient cyclamor ou anneau. L'anneau réduit et en nombre est un annelet.
[FRA bordure (< bord < a.b.frq. *bord "bord d’un vaisseau") ; ENG bordure ; DEU Schildrand ; NED zoom ou boordsel ; ESP bordura ; ITA bordura]
[FRA filière (< fil) ; ENG bordure ; DEU Saum ; NED smalle zoom ; ESP filiera ; ITA filiera]
[FRA orle (< o(u)rler < lat. pop. *orulare < lat. class. ora "bord") ; ENG orle ou escutcheon voided ; DEU Innenbord ; NED binnezoom ; ESP orla ; ITA orlo ou cinta]
[FRA anneau (seul)  (< lat. anellus) ou annelet ; ENG annulet ; DEU Ring ; ESP anillo (seul) ou anillete ; ITA anello ou anelletto]
[FRA cyclamor; ENG circular orle ou cyclamor ; DEU großer Reif ; NED ronde binnenzoom ; ESP anillo ou cyclamoro ; ITA ciclamoro]
"d’or à trois pals d’azur, à la bordure de gueules semée de flanchis d’or",
Guillen Fabre, Lib. Santiago 11 (d'après Boos 147)
"de gueules au léopard lionné d’or, à la filière du même", Arnaud de Gaineville, Capitouls, 1409, 9 (d'après Boos 150)
"de gueules à l’orle d’argent", Alexander de Baliol, FitzWilliam 90 (d'après Boos 151)
"de sable à l’anneau (alias cyclamor) d’argent", Pellendorf, ETO f°18v, 20 (d'après Boos 339)
"d'azur à trois annelets d'argent", Sainte-Beuve, Le Breton 142 (©AN)
• Champagne. Pièce située au bas de l'écu dans un espace délimité par un trait de partition horizontal. La champagne peut occuper une surface différente en fonction de la forme de l'écu. La champagne diminuée porte le nom de plaine. La champagne ou la plaine, représentées de façon naturaliste, deviennent une terrasse ou un mont.
[FRA champagne (< b. lat. campania "plaine, campagne") ; ENG terrace ; DEU Schildfuß ; NED schildvoet ; ESP campaña ; ITA campagna]
[FRA plaine ; ENG terrace in base ; DEU schmaler Schildfuß ; NED verkleinde schildvoet ; ESP campaña diminuída ; ITA piano ou pianura]
[FRA terrasse (dér. de terre peut-être sous l'infl. de l'a. prov. terrassa "surface plane dans une construction") ; ENG mount in base ; DEU Rasen ; NED grasgront ; ESP terraza ; ITA terrazza]
[FRA mont (< lat. mons) ; ENG mount ; DEU Berg ; ESP monte ; ITA monte]
"de gueules au croissant versé d’argent, à la champagne du même",
Antoine de Luna, BEL 7v21 (d'après Boos 54)
"d’azur à une tente d’argent, ouverte de sable, doublée et girouettée d’or, sur une plaine de sinople",
Joris Hütte von Heusbach, Vienne, Cod. 3297, f°22v, 18 (d'après Boos 955)
"de gueules au bélier d’argent, sur une terrasse (ou un mont) de sinople",
Peller, Toison d’or f°20, 8 (d'après Boos 542)
• Les quartiers et les cantons sont des emplacements importants, ce que l’on constate lorsqu’on étudie le vocabulaire les concernant. Ils portent des noms différents s’ils sont à dextre ou à senestre : le quartier prend le nom de franc-quartier lorsqu’il est à dextre. Quand il est à senestre, il garde le seul nom de quartier.
     Leur nom provient du quart, de l’angle (cornière), du coin (coignet), du créneau (crestel).
À dextre : franc-quartier (AF : quartier devant ; LBQ : demy chief), franc-canton (AF : chantel, crestel), canton d’honneur, levure ~ leveure [de quartier].
À senestre : quartier, canton, cornière, coignet (AF), les deux derniers désuets.
[FRA quartier (< quart < lat. class. quartus "quatrième") ; ENG quarter ; DEU Viertel ; NED wartier ; ESP cuartel ; ITA quarto]
[FRA franc-quartier ; ENG quarter ; DEU Freiviertel ; NED vrijkwartier ; ESP franco cuartel ; ITA quarto franco ou quartier]
[FRA canton ou franc-canton (< a.prov. cantone "coin, angle" < can "côté, bord") ; ENG canton ; DEU Obereck ; NED kanton ou schildhoek ; ESP cantón ; ITA cantone]
"d’or à huit merlettes rangées en orle de gueules, au franc-quartier du même », Heemstede, ETO (©BNF)
"d’argent au canton (ou franc-canton) de sable", Sutton, baron de Lexington d’Aram (d'après Boos 123)
"de gueules au quartier senestre (ou cornière ou coignet) d’argent", Wiltberch, BEL 36v16 (d'après Boos 125)
"d’or au canton senestre d’azur", Zollikofer, Saint-Gall (d'après Boos 122)
• L’écu et l’écusson correspondent au bouclier du chevalier, arme défensive.
[FRA écu (< lat. class. scutum "bouclier") ; ENG shield ; DEU Schild ; NED schild ; ESP escudo ; ITA scudo]
[FRA écusson / écusson (sur le tout) ; ENG escucheon / inescucheon ; DEU Schildchen / Mittelschild ; ESP escusón ; ITA scudetto]
     Quand il fut adopté comme surface privilégiée pour placer les armoiries, les formes de l'écu sont devenues multiples, en fonction de la mode, de l’époque et de la région.
     Une des formes anciennes, dérivée des bannières est l'écu carré ou écu banneret.
     Parmi les autres formes anciennes, une évolution importante s’est mise en place à partir des premiers écus en amande (écus normands préhéraldiques, presque aussi hauts que ceux qui les portaient). Ils ont été suivis par les écus en triangle plus ou moins pointus (XIIe au XVe siècle) et enfin par une floraison de formes (celle en ovale qui devint tardivement la forme dédiée aux femmes, tout comme celle en losange le fut pour les demoiselles ; rond et de parade, appelé rondache ; à pointe arrondie ; anglais avec des épaulettes ; échancré pour laisser passer la lance, nommé targe ; italien avec une silhouette très découpée dont la plus spécifique est celle en forme de tête de cheval). Actuellement en France, on rencontre l’écu dit “français” ou “à la Bara” avec le bas en accolade, couramment employé depuis les “Antiquaires” (XVII-XVIIIe s.). Il est fortement concurrencé par l’écu classique, carré, le bas arrondi terminé en pointe, datant du début du XVIe s.
écu en bannière ou carré - "de gueules à la croix de Toulouse d’or, à la bordure ondée du même",
Toulouse-L’Isle-Jourdain, Brioude 150 (d'après Boos 188)
écu allongé - "de gueules au lunel d’argent", Sousa, maison éteinte au XIVe s., Portugal (d'après Boos 355)
écu anglais avec épaulettes - "de sable à l’étoile à huit rais rayonnante d’argent",
Ingilby, Lincolnshire (d'après Boos 873)
targe : "d’azur à la grenade d’or, ouverte de gueules, tigée et feuillée de sinople", Bennez, Fribourg (d'après Boos 841)
écu italien - "de gueules à l’étoile à huit rais (ou comète) d’or, caudée en pal",
Rosso, prince de Cerami ; Catane, Palerme (d'après Boos 874)
écu italien en forme de tête de cheval - "d’or au dragon bicéphale et éployé de sable",
Della Vipera, Rome (d'après Boos 609)
écu à la Bara - "d'or à l'aigle bicéphale de sable, diadémée, becquée et membrée de gueules",
Jules César, H. de Bara (©BNF)
     L'écusson prend naturellement la forme de l'écu dont il fait partie :
"de gueules à trois écussons d’argent", Gérard de Weinsberg, BEL 57v4 (d'après Boos 366)
"de gueules à trois écussons d’argent », Graf von Weinsberg (Souabe),
Haggenberg f°227 (©St. Gallen, Stiftsbibliothek 2008)
"d’hermine à l’écusson de gueules", Espineuse, ETO Artois f°77 (©BNF)
"d’or à trois écussons de gueules, chargés chacun d’un écusson de vair",
peut-être Jean de Fontaines, Le Breton 500 (©AN)
Pour aller plus loin - le nombre de pièces citées dans les traités du blason
    Leur nombre varie selon les époques et les auteurs, allant de quatre à plus de quinze, avec dans l’ordre d’additions possibles :
bande-barre-fasce-pal / + croix-sautoir-chef-chevron / + bordure / + champagne-quartier / + écusson
     Bara, en 1581, nous en cite neuf :
bande-(-----)-fasce-pal / croix-sautoir-chef-chevron / dont deux plus rares : giron-orle
     Palliot, en 1660, en mentionne cinq qu’il préfère appeler “principales” :
bande-(-----)-fasce-pal / croix-sautoir (il mentionne la barre mais ne la cite pas comme meuble honorable)
     Menestrier, en 1688, en compte seize :
bande-barre-fasce-pal / croix-sautoir-chef-chevron / bordure / champagne-quartier /écusson / chef pal-giron-orle et une nouvelle : pairle (on remarquera la combinaison chef pal au lieu de pal)
     Foras, en 1883, ne retient que les huit premières :
bande-barre-fasce-pal/ croix-sautoir-chef-chevron
     Veyrin-Forrer, en 1951, les appelle “figures honorables”. Il en identifie historiquement plus de vingt, mais n’en retient que huit, identiques à celles retenues par Foras.
     Pour Galbreath et Jéquier, en 1977, les pièces sont aussi dites « honorables” ou “simples”, mais sans spécifier leur nombre. Nous rencontrons, p. 101 et ss., en parcourant le nombre de lignes de découpe de l’écu :
chef avec champagne, fasce avec pal, bande avec barre, chef-pal avec croix, sautoir avec chevron, bordure avec orle et écusson, pairle avec gousset, ces derniers signalés comme rares.
"d’argent au giron de gueules", Du Cluseau, Limousin (d'après Boos 146)
"de gueules au chef-pal d’argent", Senn, ZUR 178 (d'après Boos 49)
"de gueules au pairle d’or", Brexolles, arm. de 1696, Auvergne (d'après Boos 115)
"Sable [another gules], two gussets argent", Coningham (d'après Parker)*
*Seul exemple trouvé d'un gousset, qui est théoriquement l'assemblage d'un chef triangulaire et d'un pal  : le blasonnement anglais le transforme en paire de figures situées sur les flancs... Le blasonnement français serait "d'argent au gousset de sable (alias de gueules)"

2 commentaires:

  1. L'escarboucle est-ce une (superposition de) pièce(s) ou un meuble ? Merci.

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    1. L'escarboucle est un meuble. Vous en avez deux exemples ici (http://lalanguedublason.blogspot.fr/2013/03/les-elements-naturels-en-heraldique.html).
      Il ne faut pas la confondre avec la chaîne de Navarre.

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