jeudi 6 mars 2014

L'hermine et le vair en héraldique

Les fourrures sont une catégorie importante de "couleurs" en héraldique.
     Elles ne sont perçues en héraldique ni comme une combinaison de blanc avec des mouchetures noires (l'hermine), ni comme une alternance de cloches bleues et blanches (le vair), mais comme des "couleurs à part entière" que l'on peut associer soit avec les métaux (or, argent), soit avec les émaux (gueules, azur, sinople, sable ou pourpre), constituant ce qui peut être interprété comme des "champs factices".
     Appelées également pannes ou pennes autrefois, les fourrures comprenaient alors aussi le sable (nom héraldique de la zibeline) et fort probablement le gueules (nom donné à la fourrure prise au niveau du cou, sous la gueule des animaux, fourrure recherchée et teinte en rouge de surcroît).
     L'hermine et le vair présentent une grande diversité dans leurs variantes. Si certaines sont fort rares, d'autres sont plus faciles à rencontrer.
     L'hermine et le vair avaient déjà été présentés rapidement dans le billet sur Les Couleurs en héraldique.
«d'hermine plain», armes de Bretagne, probablement celles du duc François II,
père d'Anne de Bretagne (château des ducs de Bretagne, Nantes ; photo ©AnneBhD)

lundi 16 décembre 2013

Gallica (BNF) - nouveautés fin 2013

La bibliothèque nationale de France (BNF) met régulièrement en ligne d'anciens manuscrits via le site de Gallica ce qui correspond, pour ce qui nous intéresse, à des armoriaux, des traités de blason et d'autres sortes d'ouvrages pouvant servir dans les recherches généalogiques.
     Après avoir donné la liste des nouveautés (depuis fin 2012), je présenterai plus avant quelques manuscrits, choisis pour leur intérêt, avec des illustrations et une identification plus précise quand cela est possible.
N.B. Les titres des manuscrits sont ceux fournis par la BNF, sauf pour ceux présentés en détail où j'ai restitué le titre utilisé classiquement par les spécialistes.
Mis à jour le 16 décembre 2015.
     Les documents rassemblés par Steen Clemmensen et rendus disponibles sur son site m'ont été d'une aide précieuse.
"La 3e est celle qu'usé encor presentement" ou Méthode pour dessiner les heaumes au XVe s. (f°116v),
Traité de Blason du XVe s., Ms Fr 23077 (©BNF)

samedi 26 octobre 2013

L'abeille, le papillon et autres "insectes"

Les papillons et autres insectes sont plutôt rares en héraldique. À travers plusieurs exemples, il sera intéressant de vérifier s'ils sont associés aux patronymes, principalement par leur statut d'armes parlantes.
"d'argent au chevron de sable accompagné de trois mouches [taons] du même",
Jacques Auguste de Thou (1553-1617) (AP) (©Laurent Granier, 2000)
     Au Moyen Âge, la catégorie des insectes comprend tous les insectes, tout ce qui rampe -mis à part les reptiles- et d'autres animaux comme le scorpion ou le cloporte (crustacé terrestre) ou encore l'araignée.
N.B. Mis à jour le 5 août 2015. Merci à G. Vansteenkiste et à K. Padberg Evenboer pour leurs remarques.

dimanche 28 avril 2013

L'Armorial de Jehan de Saintré - le "gotha" en 1456 (5)

Suite de l'exploration de l'armorial tiré de Jehan de Saintré, roman écrit par Antoine de La Salle. Après la Corbie, la Normandie et l'ensemble Berry-Bourbonnais-Auvergne, nous allons parcourir la Bretagne, l'Artois et la Bourgogne.
     Pour la présentation du roman et de son contexte, voir le premier billet sur l'armorial (ici). Les illustrations sont tirées autant que possible de l'Armorial Le Blancq (LBQ, voir ci-dessous).
Duché de Bretagne, LBQ f°91v (©BNF)

jeudi 11 avril 2013

L'héraldique japonaise

J'aimerais passer la plume à M. Lilian Cailleaud pour une courte présentation de l'héraldique japonaise, qui permettra aux amateurs d'héraldique européenne de se faire une idée sur ce que sont les mons par rapport aux armoiries européennes et surtout de mieux comprendre quelle est leur place au sein de la société japonaise.

par Lilian Cailleaud

     Le cas de l’héraldique japonaise est unique. C’est le seul système emblématique existant en dehors de l'Europe et de sa zone d'influence. Il n’est pas régi par des règles de blasonnement ni limité par la surface d’un écu. On peut parler d’héraldique japonaise et même de système héraldique japonais car les conditions nécessaires sont réunies. On voit des emblèmes distincts, propres à des personnes et parfois à des groupes de personnes, et héréditaires.
Bataille d'Anegawa, 1570 (paravent)

dimanche 31 mars 2013

Les éléments naturels en héraldique

"Dans les images du Moyen Âge, l’eau est rarement bleue. 
Elle est au contraire presque toujours verte […] 
L’eau étant un des quatre éléments […], est donc verte, 
l’air bleu, la terre noire et le feu rouge.
(Michel Pastoureau, Traité d'héraldique, 1997, 3e éd.)

     Parmi les éléments naturels utilisés comme figures en héraldique, nous présenterons les figures selon l’ordre des quatre éléments, et nous leur ajouterons les corps célestes.
     Seule l'étoile est courante dès le début du Moyen Âge. Au niveau statistique, c’est la figure la plus fréquente après le lion, que ce soit comme figure principale, secondaire ou encore sous forme de brisure. Les autres figures, rares, apparaissent progressivement et surtout à la fin du Moyen Âge.
-- "d’azur étoilé d’or, à la bande du même",
non identifié, Biccherne 1445, 3 (d'après Boos 327)

samedi 16 mars 2013

L'Armorial de Jehan de Saintré - le "gotha" en 1456 (4)

Nous continuons à parcourir l'armorial tiré de Jehan de Saintré, roman écrit par Antoine de La Salle. Après l'Anjou, le Ponthieu et le Vermandois, nous allons visiter la Corbie, La Normande et l'ensemble Berry-Bourbonnais-Auvergne.
     Le roman et son contexte ont été présentés dans le premier billet sur l'armorial (ici). Les illustrations sont tirées autant que possible de l'Armorial Le Blancq (LBQ, voir ci-dessous).
Comté de Corbie (AP), LBQ f°147r (©BNF)

samedi 9 mars 2013

Des larmes et des gouttes

Les larmes ou gouttes portent des noms différents selon leur couleur (ce qui était aussi le cas pour les besants/tourteaux).
     Ces figures, rares dans le monde de l'héraldique, ont pourtant bel et bien existé à la naissance du blason et sont même restées présentes en Angleterre et dans le monde anglophone. En héraldique continentale, on les trouve, sauf quelques exceptions, principalement comme exemples théoriques dans les Traités.
     Je vous présenterai les termes et leur histoire – termes que J. Guillim avait mentionnés sous forme d'une remarque dans son chapitre sur les "Humors" (p. 117) – ainsi que des illustrations tirées principalement du même auteur anglais dont l'ouvrage date de 1610 (merci à Paul J. Grant de m'avoir permis d'avoir accès à son exemplaire mis en couleur).
De geulle semé de larmes d'argent en pal,
exemple théorique trouvé dans
l'Universel Wapenboek KM 1008 (©KIK-IRPA, Brussels)
[FRA larme ou goutte ; ENG goutte ou gutte ; DEU Träne ; ESP lágrima ; ITA lacrima ou goccia]
[FRA goutté ; ENG goutté ou gutté ; DEU mit Tropfen besät ; NED bezaaid met druppels ; ESP goteado ; ITA gocciato]

jeudi 28 février 2013

L'Armorial de Jehan de Saintré - le "gotha" en 1456 (3)

Après les marches d'Île-de-France, Champagne, Flandre et Acquitaine, voici les marches d'Anjou, Ponthieu et Vermandois de l'armorial tiré de Jehan de Saintré, roman écrit par Antoine de La Salle.
     Le roman et son contexte ont déjà été présentés (ici). Les illustrations sont tirées autant que possible de l'Armorial Le Blancq (LBQ, voir ci-dessous).
Duché d'Anjou, LBQ f°57v (©BNF)

dimanche 24 février 2013

Richesse de la dérivation en langue du blason

La langue du blason, a été très productive au niveau des dérivés, tout particulièrement les diminutifs, et cela très tôt, dès l'ancien français.
     Les diminutifs peuvent prendre des terminaisons en -el/elle, -et/ette, -on/ion, -eau/au/ot/iau, -ine, -ille, -ier/ière, -olle, -oir et certains suffixes s'aditionnent parfois (ban +er +et pour banneret). Les diminutifs en -el sont plus fréquents aux débuts de la langue du blason (leur finale a évolué en -eau en français actuel). La forme -et/ette prédomine assez rapidement.
     Dans la langue du blason, les diminutifs sont généralement utilisés quand les figures sont au nombre de plus de trois, semblables, tout particulièrement dans les semés.
"d'or à une croix de gueules, cantonnée de quatre croisettes du même",
Beauvais, Armorial Le Blancq, marche du Beauvaisis, f°144r (©BNF) 
Remarque : cet écu correspond aux armes du "pays" du Beauvaisis ou de l'évéché de Beauvais, mais avec les clefs remplacées par des croisettes.